mardi 14 juillet 2015

MAUVAIS POUR LES UNS, BONS POUR LES AUTRES


En 2013, la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis déposait un projet de règlement statuant que les huiles partiellement hydrogénées (gras trans) ne seraient plus considérées comme sûres (Generally Recognized As Safe). Selon ce texte, il faudrait désormais l'approbation de la FDA avant d’ajouter ces produits à la nourriture.


Or, selon la FDA, le terme «nourriture» représente les denrées alimentaires destinées tant à la consommation humaine qu’animale. Il n'en fallait pas plus pour soulever un quiproquo. L’American Feed Industry Association est vite monté aux barricades. Les fabricants d’aliments pour animaux réclamaient que cette nouvelle norme ne soit pas appliquée à leur industrie.  

Bien leur prit de s’activer, puisque dans son texte final déposé le 12 juin 2015, la FDA vient d’exclure l’industrie de l’alimentation animale de cette nouvelle norme. On comprendra que cette décision fait le plus grand bonheur de l'industrie qui pourra continuer d'utiliser les gras trans dans les régimes et rations de bétail, de la volaille, de l'aquaculture et des animaux de compagnie.Quant à ces derniers, la nouvelle n'a pas semblé les perturber le moins du monde.

lundi 13 juillet 2015

L'EFFET BOEUF DES CONSOLIDATIONS


Le 2 juillet dernier, JBS annonçait l’acquisition de Cargill Pork pour 1,45 milliard de dollars US. Rappelons que JBS, contrôlé par la famille brésilienne Batista, est le plus important producteur de viandes au monde.

Le géant sud-américain tient également les rênes de Pilgrim’s Pride, le deuxième producteur de poulet aux États-Unis. Avec l’acquisition des activités porcines de Cargill, JBS devient, du même coup, le second producteur de porc aux États-unis, derrière Smithfield Foods et devant Tyson Foods.



Cargill Pork génère des revenus annuels de 2,56 milliards de dollars US et JBS USA, 3,7 milliards pour des ventes combinées post-transaction de 6,3 milliards. Cette transaction est la réponse de la famille Batista aux échecs qui ont suivi leurs tentatives d'acquisition de Smithfield (acquis par WH Group) et d'Hillshire Brands (acquis par Tyson). Le mouvement de consolidation de l’industrie se poursuit et d’autres acquisitions sont à prévoir pour permettre aux grands joueurs de demeurer compétitifs.

Au Canada et au Québec, la réglementation et le système de gestion de l’offre dans le secteur de la volaille ralentissent cette consolidation. Par contre, les négociations dans le cadre du Partenariat Trans-Pacifique (PTP) pourraient changer les choses.

Certains membres influents du PTP — États-Unis, Australie et  Nouvelle-Zélande — font pression sur le Canada pour qu’il modifie son système de gestion de l’offre. Aux États-Unis, l’approbation récente du «fast-track legislation»  donne plus de pouvoir à l’administration Obama pour négocier l’accord lors de la rencontre qui se tiendra à Hawaï à la fin juillet.

Au moment où l’économie canadienne montre des signes de ralentissement, plusieurs autres secteurs croient qu’il est essentiel d’accéder à l’accord PTP, un marché de 800 millions d’habitants qui connaît la croissance la plus élevée au monde.

Advenant que de telles concessions soient accordées par le Canada pour permettre de conclure l’entente, les industries laitière, de la volaille et des œufs devront se consolider. Ils réaliseraient des économies d’échelles et se doteraient des dernières technologies de contrôle d’élevage animalier pour optimiser leur production et rentabiliser leurs investissements.

En plus des enjeux entourant le PTP et les plus récentes transactions, la croissance mondiale de la demande pour les protéines animales va nécessiter un accroissement de la production. Entre 2014 et 2024, l’OCDE prévoit une croissance de 12 % pour la viande bovine et porcine et de 24 % pour la viande de volaille. 
 
Cette demande accrue engendrera une nouvelle vague de consolidation et de croissance organique. Pour y faire face, les entreprises devront investir dans la construction de nouvelles installations à la fine pointe de la technologie. Cela permettra de maximiser la production tout en contrôlant judicieusement les coûts.

LE RETOUR DU TIRE-BOUCHON


Bien que l’Union européenne interdise l’ablation de la queue des porcs depuis 2003, la caudectomie y est toujours massivement pratiquée. Pourtant, en raison de la préoccupation grandissante pour le bien-être animal, la conservation du tire-bouchon semble regagner ses lettres de noblesse. En 2007, l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) avait déjà émis un avis exhaustif sur le bien-être des porcs.


En Suède, en Norvège et en Suisse, la taille de l’appendice frisé des porcelets est strictement bannie. La pratique y est également proscrite dans les élevages porcins labellisés biologiques.


Cette procédure de plus en plus controversée a d’abord été instaurée pour empêcher les animaux de se blesser mutuellement dans les sites d’élevage intensif.

Il est bien connu que les porcs ont tendance à mordre la queue de leurs congénères, mais il semble que cette problématique pourrait être considérablement diminuée par la mise en place de mesures sur lesquelles se penchent plusieurs chercheurs. 

Parmi les solutions envisagées, on parle de la sélection génétique, puisque cette prédisposition à se «faire les dents» sur le dos de ses pairs a une certaine composante héréditaire. Des éléments tels la nutrition, la santé, le climat et la rivalité ont également à voir avec ce comportement agressif. Mais, la plus grande cause de ce comportement qui cause des maux de tête aux éleveurs porcins réside dans l’absence de matériaux dont les porcs ont besoin pour satisfaire divers besoins comportementaux.

Aussi bête que cela puisse paraître, ces animaux ont un besoin naturel de fouiner. À défaut de paille, de foin, de fourrage ensilé, de compost ou de tourbe pour se satisfaire, ces omnivores se rabattent sur la queue de ceux qui les entourent. La EFSA a récemment actualisé son avis scientifique sur la question de la caudophagie. C'est Brigitte Bardot qui va jubiler!

dimanche 12 juillet 2015

LA FERME À LA PLAGE


D’ici 2030, la population mondiale devrait atteindre 8,3 milliards et la demande alimentaire aura augmenté de 50 %. Face aux problématiques des changements climatiques, des combustibles fossiles polluants et de la diminution des terres agricoles disponibles, l’idée de concevoir des complexes agricoles flottants situés en rade des grandes métropoles côtières fait son chemin. Une firme d’architectes de Barcelone a imaginé un tel complexe automatisé mû à l’énergie solaire.



Crédit photo: Forward Thinking Architecture


La Smart Floating Farm de la boîte Forward Thinking Architecture se présente sous la forme d’une plateforme flottante à plusieurs niveaux. On pourrait y pratiquer à la fois l'aquaculture et la culture hydroponique sur plusieurs niveaux. L’idée novatrice permettrait d’aménager un système flexible dont les dimensions seraient adaptées aux besoins de la production alimentaire locale. La culture de légumes et de poisson frais à proximité des grands centres urbains permettrait d’éliminer les transports coûteux et polluants tout en élevant le niveau de la sécurité alimentaire.


La flexibilité du système permet d'adapter ses dimensions aux besoins des productions alimentaires locales. 
Crédit photo: Forward Thinking Architecture

Dans le cas du Québec dont la population refuse le transport de pétrole sur le fleuve, il serait intéressant de voir l'accueil qu'accorderait la population à de tels projets.

samedi 11 juillet 2015

DE LA «VOLATILITÉ» DES GRAINS

Jamais la volatilité des prix états-uniens du maïs et du soja à terme n’aura aussi bien été qualifiée. C’est en raison de la vague de grippe aviaire dont la souche mortelle a été détectée dans près du quart des états du pays de l’Oncle Sam que ces denrées à terme ont récemment piqué du nez et perdu des plumes.

Dans un seul établissement de ponte de l’Iowa, pas moins de 5,3 millions d’oiseaux ont été frappés de l’influenza aviaire. Il n’en fallait pas plus pour déclarer l’état d’urgence et semer l’inquiétude des marchés.



Comment expliquer le lien entre des oiseaux malades et la dégringolade des cours de ces produits agricoles? 

C’est simple. Dès que des volatiles toussent dans un pays, toute une ribambelle d’états ferme leurs portes à l’importation des œufs et des oiseaux de la zone affectée par la maladie. En résulte une la réduction de la demande de ces produits américains qui entraîne une diminution de la quantité de maïs et de soja nécessaire pour nourrir ces animaux devenus subitement moins nombreux. Confrontée à un surplus de grain, l’industrie voit les prix du maïs et du soja chuter.

Les coqs n’ont pas fini de s'égosiller sur les marchés de Chicago.

LA LUTTE AUX VAMPIRES

Dans la nature, maringouins, brûlots, mouches noires ou à chevreuil sont déjà une véritable plaie d’Égypte. Toutes ces bibittes nous bouffent tout rond. Mais dans un milieu d’élevage intensif, les bestioles piqueuses jouissent d’un banquet royal. Les 35 kilos de fumier que produit quotidiennement chaque bonne vache constituent une pouponnière de luxe pour les vampires à six pattes. Vos animaux en font les frais. Et vous aussi, puisque ce harcèlement nuit à la productivité et aux taux de natalité de vos bêtes. Heureusement, si vous vous y prenez tôt, vous pouvez contrôler ce fléau. 

La gestion du problème doit débuter avant que les températures ne grimpent. Comme le fumier est le lieu de reproduction de prédilection des mouches et que leur cycle de vie dure en moyenne de 10 à 21 jours, le premier geste à poser est évidemment de vous débarrasser régulièrement de leur « lit nuptial » en commençant par les enclos à bestiaux. 


Comme les mouches ne peuvent se développer dans des environnements secs, il est recommandé d’étendre tout fumier, grain et foin humide, ensilage renversé en une mince couche sur les champs. Les endroits où les bêtes se rassemblent (abreuvoirs, zones ombragées, etc.) doivent être nettoyés au minimum une fois par semaine. 

Les étiquettes auriculaires insectifuges pour le bétail sont un dispositif très efficace pour dissuader les mouches. Encore faut-il en mettre sur les deux oreilles pour produire l’effet escompté. 

Pour contrôler la croissance des populations de mouches nuisibles, on peut aussi recourir à des insectes qui, saupoudrés sur les tas de fumier, se nourrissent de leurs larves, détruisant ainsi la prochaine génération de mouches porteuses de maladies. Pour perturber leur cycle de vie de façon satisfaisante, il faut répéter l’opération chaque mois durant toute la saison des mouches. On ne doit toutefois pas s’attendre à ce que cela suffise à contrôler l'ensemble de la population d’insectes nuisibles sur votre ferme. 

L'installation de sacs à poussière là où les animaux sont forcés de passer donnent de bons résultats. La poussière qui se dépose sur le dos et les flancs du bétail chasse les mouches. Ces sacs requièrent peu d’entretien et sont facilement rechargeables. Quant aux frottoirs de dos enduits de pesticide, ils ne font pas bon ménage avec les insectes puisque les bêtes ont tendance à s’y frotter régulièrement.



Adapté d’un article publié dans The Dairy Site